Le 14 mars, vous avez pu découvrir une partie de l’interview téléphonique d’Aloïse Sauvage.
Nous avons retranscrit ci-dessous l’interview intégrale.
Bonne lecture !
Quand tu étais petite, qu’écoutais-tu comme type de musique ?
Et tes parents ?
Ça dépend de ce que l’on entend par petite, je me souviens plutôt de la préadolescence et de l’adolescence. A la maison, mon père écoutait beaucoup de jazz et de classique, je m’en rappelle très bien. Il avait une chaîne hifi et il collectionnait les CD de ce genre musical.
Je me souviens aussi beaucoup de mes grands-parents. Mon grand-père chantait dans une chorale donc pas mal de Brel, qui je pense était l’un de ces artistes préférés, et du Johnny Hallyday.
Moi j’écoutais plutôt du rap, Diam’s, Disiz la Peste, Kery James, Sniper. Et puis en rentrant au lycée j’ai commencé à m’ouvrir d’avantage. J’ai toujours été quelqu’un de très curieuse et maintenant j’écoute vraiment de tout. Je suis un peu de la génération zapette, avec les applications musicales qui permettent de découvrir et de se faire amener dans des playlist inconnues.
Qu’est ce qui t’as donné envie de faire de la musique ?
Les mots ! Il y a un an et demi j’ai partagé mon premier « vrai » clip. Une chanson que j’avais composé avec un ami beatmaker et c’est vraiment parti des mots. J’ai toujours écrit, enfin en tout cas très jeune j’ai écris des poèmes, des slams, comme des raps, en prose ou en rimes, un peu comme des monologues.
Je me souviens à la fête du lycée j’avais fait du piano, j’écrivais sur des bandes originales de films des choses assez mélancoliques, dramatiques, des sortes de crachats en rimes de ce que j’avais dans la tête. Je ne sais pas comment c’est venu. J’ai fais beaucoup de musique étant jeune mais je n’ai jamais eu ce désir de composer ou en tout cas je n’ai pas pris le temps de le faire. J’étais déjà happée par d’autres activités artistiques toutes aussi passionnantes, mais c’est d’abord l’amour des mots, j’adore les écrire et les dire ensuite
Préfères-tu ton métier de chanteuse, circassienne ou actrice ?
Tous à la fois, parce que si je fais tout ça, ce n’est pas pour rien. Je ne suis pas dans un désir boulimique d’additionner les tentatives d’expression de moi-même. Si je pouvais en faire moins, je le ferais. Il faut qu’à un moment donné j’accepte que cette association de choses fait vraiment mon équilibre ou en tout cas ma recherche d’équilibre. Quand je suis trop quelque part, l’autre chose me manque, tout se relie.
La chanson prend énormément de place. Je sors un projet, je fais des concerts, il y a des choses qui se mettent en place, alors forcément, le cirque est un petit peu à la traîne parce que j’ai moins le temps d’être interprète pour les autres. C’est riche parce que je développe un projet qui est mien et j’arrive à incorporer de petites choses parmi ce qui faisait mon bonheur d’être circassienne. J’ai l’impression que tout peut se réunir. J’adore la vidéo, j’adore jouer, au cinéma je joue, sur scène je joue aussi différemment. j’ai l’impression que ce sont des supports différents mais que l’intention est la même.
As-tu d’autres projets dans le cinéma ou dans le cirque ?
Dans le cinéma, en ce moment je rencontre pas mal de réalisateurs pour leurs prochains films mais j’attends des réponses. Il y a des choses qui doivent se confirmer mais je suis en train de voir si c’est compatible avec mon nouveau planning de chanteuse. J’espère tourner en 2019, c’est vraiment un souhait.
Pour ce qui est du cirque, je me suis faite remplacer il y a 1 an dans le spectacle « 5ème Hurlants » de Raphaëlle Boitel, et je ne suis pas dans d’autres projets. Je suis danseuse dans un projet assez court, une petite forme de Jeanne Gallois, chorégraphe émergente entre le hip-hop et la danse contemporaine. Mais interprète pour un spectacle de cirque, pour le moment non. Mon rêve est toujours d’en faire, notamment de mettre en scène un jour mon propre spectacle. C’était quelque chose que j’avais commencé à faire avec une proche. Nos chemins se sont éloignés vers d’autres priorités mais ça reste un souhait en tout cas.
Qu’est ce qui t’as plu dans le scénario de 120 battements par minute ?
Le sujet ! Quand je lis le scenario d’un film qui a vraiment une revendication, qu’elle soit politique ou non, j’adore ça. J’espère pouvoir faire d’autres films comme ça, qui ont un sens, qui portent vraiment quelque chose à bras le corps. On a vu l’impact du film 120 battements par minute, il amène des réflexions, peut-être même un changement des mentalités. Et bien sûr j’appréciais la vision du réalisateur, dont j’avais déjà vu le précédent film Eastern boys. Je savais que j’allais avoir devant moi un réalisateur que j’admire.
Pourquoi avoir choisi Jimy comme nom d’EP ?
Tout simplement parce que dans l’EP, il y a une chanson qui s’appelle Jimy. C’était évident que ça allait être Jimy parce que c’est une chanson très forte, en tout cas pour ceux qui l’ont écouté. Ça a du sens et elle est importante pour moi. Cela personnifie cet objet, Jimmy est un prénom, c’est toi, c’est moi, ce sont tous ceux qui se retrouveront dans la chanson.
Jimy parle d’amour, de liberté, d’émancipation. Ce sont les thèmes de mon EP et ceux que j’aborde consciemment ou inconsciemment dans mes chansons. La liberté d’être, de faire, d’aimer qui l’on veut, l’émancipation de soi et l’amour. Je parle beaucoup d’amour dans cet EP, que ce soit joyeux ou douloureux.
Es-tu impatiente de présenter ton EP au public ?
Oui, je suis impatiente, je suis même soulagée. Ce n’est pas évident, c’est mon premier projet mais je suis contente parce que je l’ai fait et maintenant, il doit exister grâce aux gens qui vont l’écouter. Il m’appartient un peu moins et ça me va aussi, il doit vivre. Je suis prête à entendre les retours, les critiques.
Je suis fière de présenter cet EP parce qu’il représente vraiment un moment de ma vie qui n’était pas forcement simple. Il a été fait très rapidement, très activement, pour des questions de timing et également parce que j’étais l’artiste en création aux Transmusicales. Il s’est fait très simplement aussi parce que tout est sorti et que ça devait sortir. J’ai fais les premières maquettes en novembre et je l’ai enregistré en janvier.
J’ai envie de faire naître une envie de chanter, de m’affirmer aussi dans cet espace là qu’est la musique et de continuer. Je me présente, je l’assume complètement, et je suis contente de le partager.
As-tu un bon conseil à donner en tant qu’artiste émergente ?
De rester soi-même. La musique est un monde assez particulier. Je l’ai découvert assez rapidement car j’ai eu la chance qu’on s’intéresse à moi. J’ai été vite confrontée à ce milieu qui est très différent du cirque, du cinéma, de la danse. Alors je dirais de rester soi-même et de ne pas hésiter à faire soi-même.
J’ai eu la chance qu’un ami me prête ses talents de compositeur, on a fait des chansons dans sa chambre à Dunkerque, je les ai mises sur Spotify toute seule et sur les plateformes. Puis j’ai fais un clip avec mon meilleur ami dans une piscine entre deux retraités qui nageais la brasse un samedi à 6h du matin. Je l’ai mise sur Youtube et l’ai partagé.
Un an et demi plus tard je sors un EP qui va être à la FNAC, je viens jouer à Elbeuf, c’est génial. Voila, c’est que tout est possible. C’est une devise qui m’est assez personnelle mais on peut faire de la musique tout seul, alors il ne faut pas hésiter. Il faut tenter.
Si tu pouvais faire un duo avec un ou une artiste, qui choisirais-tu ?
Rosalia, cette artiste espagnole émergente qui connait un succès mondial. Je ne dirais pas non pour un featuring avec James Blake, et Rihanna. A vrai dire j’adore l’idée du partage, je ne sais pas si c’est le cirque qui m’a habituée à ça. La musique, même si maintenant j’ai des musiciens, c’est quand même un projet plus solitaire. J’adore les featuring quand on relie des artistes aux origines et aux références diamétralement opposées.
As-tu un rituel avant de monter sur scène ?
Je m’échauffe comme si je faisais du cirque, il faut savoir qu’en musique on ne s’échauffe pas beaucoup. Je suis un peu grave mais j’ai un rituel d’échauffement physique, je fais des pompes, des grands écarts ! Je le fais pour arriver sur scène et être dans une énergie qui est la bonne. Je fais aussi des échauffements vocaux et j’embrasse le sol pour être sûre qu’il soit mon allié.
Tu fais un concert au Cirque-Théâtre le 5 avril. Nous sommes un Pôle National Cirque, cela va donc rassembler 2 de tes activités, le cirque et la musique. Comment le sens-tu ?
Je suis très contente car j’aimerai vraiment réussir à faire des ponts comme ça. J’ai la chance d’avoir des propositions de carte blanche et j’en suis ravie. Je fais une carte blanche en juin ou j’invite des amis circassiens à venir danser dans les airs avec moi pendant que je chante.
Pour Elbeuf, j’adore ce lieu, je trouve qu’il est magnifique. Et j’adore l’équipe de SPRING et de la Brèche qui me connaît depuis un petit bout de temps. Ils ont été les premiers à me soutenir quand j’avais envisagé de créer ce spectacle avec une amie. Et puis j’aime jouer dans un lieu différent d’une salle de concert standard. J’aime les beaux lieux alors là je suis servie.
J’avoue avoir un peu d’appréhension, parce que c’est un public de cirque et moi je fais de la musique. Je ne sais pas comment cela va être reçu. Sur scène c’est moi, mais c’est une autre facette de moi donc ça peut évidemment ne pas plaire a tout le monde. J’espère que les gens seront curieux, j’ai hâte.
As-tu des festivals prévus pour cet été ?
Oui, pas énormément parce que je veux pouvoir faire du cinéma et préparer je l’espère un premier album. Mais je fais le Printemps de Bourges, les Nuits botaniques à Bruxelles, Art Rock à Saint-Brieuc .
As-tu une tournée prévue fin 2019 ou gardes-tu du temps pour ton album ?
L’idée c’est quand même de me garder une marge. L’EP c’est une première vraie présentation, c’est finalement d’aller à la rencontre d’un public que je n’ai pas encore et que j’espère avoir. Donc si j’ai la chance de faire un album dans les quelques mois à venir ou l’année prochaine, là oui il y aura une grosse tournée qui sera encore plus cohérente pour défendre un projet sur la durée. L’EP est plus court donc je fais des dates mais dans un rythme plus léger pour me permettre de créer la suite, et d’avoir un peu de temps pour le cinéma et les vacances.