Willy Wolf, "Achetez l’homme qui va mourir !"

Willy Wolf, "Achetez l’homme qui va mourir !"

 

Pour cette nouvelle édition du Temps des créations, la compagnie La Contrebande nous présente un spectacle autour du thème de Willy Wolf.

Willy Wolf, artiste et athlète polonais, est mort le 15 mai 1925, en sautant du pont transbordeur de Nantes. Dans ce plongeon qui lui causa accidentellement la mort, Willy Wolf inaugure ce que l’on peut appeler l’art de performance ou l’art de se mettre en scène. Retour sur ce personnage exubérant de l’histoire nantaise.

 

Wily Wolf, travailleur immigré né à Łódż (Pologne) arrive à Nantes pour exercer en tant qu’ouvrier sur les chantiers navals. En parallèle, il pratique une activité d’acrobate et de cascadeur. Véritable trompe-la-mort, il n’hésite pas, dans ses apparitions publiques, à interpeller les passants en leur criant “Achetez l’homme qui va mourir !”, tout en leur vendant des cartes postales où il s’affiche avec un maillot noir épinglé d’une tête de mort blanche.

Initialement prévu en mars 1925, l’exhibition nantaise à déjà été reportée à plusieurs reprises, laissant le temps au cascadeur de tenter son premier saut de 50 mètres en Haute-Normandie. Le conseil municipal de Nantes, présidé par Paul Bellamy, refuse d’autoriser la manifestation; s’inquiétant vivement de la dangerosité d’un tel “plongeon de la mort”. En effet, le plan initial laisse songeur : Willy Wolf souhaite sauter depuis le haut du pont… sur une motocyclette enflammée !

Après moultes tergiversations, la mairie accepte finalement l’organisation d’une démonstration d’acrobaties sur un trapèze fixé aux poutres d’acier du pont mais insiste bien pour que le saut n’ait pas lieu. En ce dimanche de printemps, Willy Wolf descend le long de la structure, il se suspend dans le vide puis effectue une série de figures impressionnantes, sans aucun filin de sécurité. Il tourne, se contorsionne au dessus du vide dans un balai vertigineux puis remonte sur le tablier du pont.

Vers 17h30, Après avoir donné son testament à son équipe, grisé par la foule qui attend toujours son moment de frisson, Willy enfile son casque de cuir et s’approche du bord d’un pas prudent. Il est l’heure de désobéir, il est l’heure de plonger enfin vers l’abîme et la célébrité…

Willy Wolf rêve d’éternité et voit les choses en grand. Lors d’un précédent saut à Rouen, on avait réussi à l’empêcher de mettre le feu à sa combinaison. Mais cette fois-ci, il a tout de même prévu une écharpe recouverte de goudrons inflammables, afin de rendre la performance encore plus impressionnante. On allume l’étole qui s’embrase, dégageant de puissantes fumées, visibles de loin, malgré la distance vertigineuse qui le sépare du public et de la caméra.

Willy saute sans que personne ne se rende compte que les gaz de combustion de son feu de Bengale l’ont déjà asphyxié. Il chute lourdement dans l’eau. 50 000 poitrines se serrent dans un même soupir d’effroi !


 

Vous trouvez ci-dessous un court-métrage réalisé par Loïc Gatteau mettant en scène la vie de Willy Wolf avant l’événement de sa vie …


 

Premier performeur ? Victime du désir de notoriété ? Patrice Allain, maître de conférence à l’Université de Nantes, présente au micro de Julie Judais, cet étonnant personnage sorti tout droit des profondeurs de l’histoire nantaise.

Retrouvez l’interview de Patrice Allain

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